totalenergies-interview2024-malthe-jakobsen-header
Actus

Malthe Jakobsen : « Nicolas Lapierre est un peu comme mon papa de la course »

Jusqu’alors pilote COOL Racing (LMP2) en ELMS, sous les couleurs de ELF, mais aussi pilote de réserve du Team Peugeot TotalEnergies en FIA WEC, le jeune (21 ans) danois sera promu pilote officiel au sein de l’un des équipages des Peugeot 9X8 à compter de la saison prochaine. L’occasion d’apprendre à connaître celui qui est bien décidé à marcher dans les traces de son illustre compatriote Tom Kristensen en Endurance… 

totalenergies-interview2024-malthe-jakobsen-v2-img-1

Comment es-tu venu au sport auto ? 

Mon père était lui-même pilote, et bien qu’il ne soit jamais devenu professionnel à temps plein, il a couru en Formule Ford, un peu en F3 également en Allemagne. Donc on a la compétition automobile dans le sang dans la famille !  Il m’a acheté mon premier karting quand j’avais 3 ans, et depuis l’histoire ne s’est jamais arrêtée. 

Après du karting, et un peu de monoplace, tu as rapidement fait le choix du prototype, ce qui n’est pas le parcours classique pour un jeune aspirant pilote. Pourquoi ? 

La raison pour laquelle nous sommes rapidement passés du karting à la monoplace était tout simplement financière. Une saison complète à l’International en karting était beaucoup trop chère pour nous, et on a eu l’opportunité de faire le championnat danois de F4 en 2018, alors que j’avais seulement 14 ans, pour quelque chose comme la moitié du prix d’une saison de karting à l’international. Et mon rêve a toujours été d’être pilote professionnel en circuit, donc c’est pour cela que l’on a fait ce premier saut. On pensait que la manière la plus simple et efficace d’y parvenir était de quitter le karting dès que possible. Pour apprendre la compétition en voiture. J’ai alors fait deux saisons de F4 et au bout d’un moment on a connu le même souci. Le budget nécessaire pour passer en F3 était excessivement élevé, et c’est ainsi que l’on s’est orientés vers l’Endurance. Mais j’ai toujours aimé ces voitures, que ce soit les prototypes ou les GT, avec de l’aéro, puis en tant que pilote danois, Le Mans a une place à part dans notre cœur, grâce aux succès de Tom Kristensen avec Audi. Ça a toujours été mon objectif de pouvoir faire les 24 Heures du Mans dans la catégorie reine. C’est ainsi qu’on a commencé en LMP3 et gravi progressivement les échelons jusqu’à aujourd’hui. 

Tu as fait cinq saisons en ELMS, dont trois au sein du COOL Racing dont le team manager, Nicolas Lapierre, est un pilote emblématique de l’Endurance. Qu’as-tu appris à son contact ?

Il m’a appris énormément de choses sur comment un pilote doit se comporter, il a pris soin de moi. C’est un peu comme mon papa de course, il s’est comporté comme un mentor, sur et en dehors de la piste, dès la première année ou j’ai rejoint l’équipe. La première année, j’évoluais en LMP3, ce n’est pas là où il m’a appris le plus de choses d’un point de vue pilotage notamment. En revanche, vers la fin de 2022, et ensuite quand je suis passé en LMP2, j’ai été très chanceux de pouvoir faire ma première participation au Mans avec Nico en LMP2 Pro-Am. Ça m’a facilité beaucoup de choses d’être à son contact, de m’inspirer de lui.

Ta saison 2024 d’ELMS en LMP2 Pro a été marquée par deux victoires, dont une lors du dernier meeting de Portimao, mais aussi par quelques difficultés et s’est soldée par une troisième place finale. Comment tu qualifierais ta campagne ?

Cela a été une saison très difficile pour nous. Cela a très bien commencé à Barcelone avec une victoire, ensuite au Paul Ricard on menait à vingt minutes du terme et la boîte de vitesses a cédé. Imola, on a aussi abandonné. Au Mans, on a fini mais à 1h du but, on a eu une casse d’essuie-glace au moment où il se mettait à pleuvoir. Spa et Mugello ont aussi été très difficiles. Mais ce que l’on a réalisé à Portimao lors de cet ultime week-end montre qu’il ne faut jamais baisser les bras et continuer à croire en soi.

totalenergies-interview2024-malthe-jakobsen-v2-img-2
totalenergies-interview2024-malthe-jakobsen-v2-img-3

Qu’as-tu appris en ELMS que tu vas pouvoir transférer en FIA WEC ? 

L’ELMS a été un peu comme l’école pour moi car j’ai commencé alors que je n’avais que seize ans, j’étais un des plus jeunes de l’histoire du championnat à l’époque, puis j’ai progressé en tant que pilote. Avec mon expérience du LMP3, qui est une classe dans le championnat, j’ai eu l’habitude d’être entouré de voitures plus rapides et de la gestion du trafic. Je sais ce que cela fait d’être dans une voiture moins rapide et de se faire rattraper par plus rapide derrière soi, aussi cela me servira sans aucun doute quand je serai dans l’Hypercar en train de remonter une GT par exemple.

Tu es aussi habitué à un environnement très compétitif…

C’est vrai que cette année particulièrement, le niveau était incroyablement élevé en LMP2. Ça aide à être affuté dès que l’on monte dans la voiture, de se confronter à une forte concurrence. Mais quelle que soit la voiture ou la catégorie dans laquelle je cours, j’ai à cœur de donner le meilleur de moi-même à chaque fois. Cela sera pareil en Hypercar, je veux montrer ma meilleure facette et évidemment continuer à progresser car je suis encore très jeune. J’ai bon espoir d’avoir pleins de choses à apprendre dans le futur.

À quel point la marche entre l’ELMS et le FIA WEC est-elle grande ? 

Cela va clairement être un gros step pour moi, en tant que pilote mais aussi que personne. Je dois aussi m’accoutumer à tout l’environnement qui entoure la course. On aura plus de spectateurs, plus de médias, le show dans son ensemble est plus grand que ce à quoi j’ai été habitué. Mais je suis très chanceux d’avoir déjà pu disputer Le Mans au moins déjà deux fois en LMP2, en finissant à chaque fois. J’ai donc pu m’accoutumer au circuit en lui-même, mais aussi à toute cette folle semaine sarthoise, avec la parade, le pesage, tout le stress que ces « à côtés » génèrent, et à savoir comment le gérer pour être cent pour cent concentré une fois au volant.

Et en termes de pilotage, dans quelle mesure votre Hypercar est différente d’une LMP2 ?

Je suis très chanceux d’avoir pu être amené à ce statut de pilote officiel du team Peugeot TotalEnergies progressivement. J’ai fait mon premier Rookie test à la fin de 2022, et depuis, je n’ai cessé d’être de plus en plus impliqué, d’abord comme pilote Junior, puis comme pilote réserve cette année. J’ai déjà pu faire beaucoup de kilomètres au volant de la Peugeot 9X8, en tests, lors d’endurances mais aussi sur le simulateur. Je me suis aussi déplacé sur les courses de Spa et Imola cette année, pour voir en vrai comment un week-end de course se déroule à l’intérieur du team. Je me sens vraiment préparé et j’ai hâte, mais je sais pertinemment que le niveau de concurrence est impressionnant, la grille de départ du championnat a vraiment fière allure.

totalenergies-interview2024-malthe-jakobsen-v2-img-4

Qu’as-tu pu apprendre en te rendant sur les courses de Spa et Imola ?

Pour moi, le plus important était de pouvoir assister à tous les différents meetings, pour comprendre comment les autres pilotes travaillent avec l’équipe technique, mais aussi de comprendre la manière de fonctionner de l’équipe sur un tel week-end. C’est très impressionnant, il y a vraiment beaucoup de gens impliqués. Je ne plongerai pas dans l’inconnu l’an prochain au Qatar et je pense que cela sera vraiment un avantage.

Ton aventure avec la compagnie TotalEnergies se poursuit donc, qu’attends-tu de cette nouvelle expérience cette fois-ci en FIA WEC avec le team Peugeot TotalEnergies ? 

Je suis à la fois fier et heureux de continuer à porter les couleurs de TotalEnergies. Pour ce qui est des objectifs, je veux me préparer du mieux possible pour la première course de l’an prochain au Qatar, afin d’être à l’aise dans la voiture et de pouvoir ensuite m’exprimer pleinement.