Formule E

Interview Jean-Éric Vergne

Pilote DS PENSKE en Championnat du Monde FIA de Formule E & Peugeot TotalEnergies en Championnat du Monde FIA d’Endurance

« Un tour qualif de Formule E, c’est plus dur qu’en F1 ! »

Auteur d’un début de campagne prometteur avec sa monoplace GEN3 alignée par DS PENSKE, qui lui vaut de figurer à la troisième place provisoire du Championnat du Monde ABB FIA de Formule E, le pilote tricolore prépare aussi activement une nouvelle saison de FIA WEC à bord de la PEUGEOT 9X8 du team Peugeot TotalEnergies.

Les performances réalisées lors des deux premiers E-Prix de l’année à Mexico puis Diriyah, où vous avez notamment signé la pole position avant d’accrocher la deuxième place en course 1, confirment que vous avez franchi un cap en performance. Est-ce le résultat d’une intersaison intense ?

La seule chose qu’on pouvait changer pour cette saison, c’est le software, car le hardware est homologué tel quel pour une année encore, donc les modifications possibles étaient quand même assez limitées. Après, tout le plateau est tellement resserré que les moindres petits détails qu’on va pouvoir trouver vont nous aider au niveau performance. Je pense qu’on a pas mal de nouveautés sur le software, dans la manière de gérer la course, qui ont l’air d’avoir porté leurs fruits, après il faut attendre et voir comment vont se passent les prochaines courses pour dresser un vrai bilan. Même au niveau du travail des ingénieurs, on a de nouvelles personnes dans l’équipe, c’est normal que les choses prennent un peu de temps à se mettre en place, mais tout est sur la bonne voie et est en train de s’améliorer par rapport à l’an dernier.

Qu’entendez-vous concrètement par « software » ?

Le hardware, c’est tout ce qui est moteur, boite de vitesses, inverter. Le software, c’est ce que l’on peut faire sur programme informatique, au niveau des freins, de l’accélération ou encore de la compréhension de la course pour la gestion de l’énergie.

Pour cela, vous passez beaucoup de temps à vous préparer sur le simulateur. Comment prépare-t-on un E-Prix au simulateur ? Est-ce que cela remplace complètement le roulage en piste ?

Non, ça ne remplace pas complètement le roulage en piste. Après ça nous aide pas mal, déjà nous pilotes pour nous mettre dans le bain pour la course, car nous n’avons pas beaucoup d’essais libres avant la qualification. Donc en termes de pilotage, on a pas mal de petites choses que l’on peut voir au simulateur qui sont ensuite réplicables dans la vraie vie. Après, au niveau des stratégies de gestion d’énergie, du software, on est capables de tout simuler, de bien se préparer. Je dirais que cette préparation est importante pour les pilotes, mais encore plus importante pour les ingénieurs car c’est l’opportunité pour eux de simuler des scénarios de course.

Vous utilisez aussi beaucoup le simulateur pour préparer vos participations en FIA WEC avec le team Peugeot TotalEnergies. C'est un peu le grand écart avec d'un côté des courses plutôt sprint d’une heure maximum, et de l'autre des courses d'endurance de minimum 4 heures. Travaillez-vous de la même façon au simulateur pour ces deux championnats ?

C’est à peu près similaire, car en Endurance il y a aussi une question d’énergie qui entre en jeu, en l’occurrence la consommation d’essence, donc on teste pas mal de stratégies différentes, on travaille aussi sur le set-up et c’est là aussi important pour le pilote de se familiariser avec le circuit.

En passant d'une discipline à l'autre, vous sautez d'une monoplace électrique légère avec pneus de série, à un prototype fermé hybride plus lourd mais équipé de pneus de course. Votre cerveau a-t-il besoin d'un temps de réadaptation ou bien les deux sont-elles complémentaires ?

Je dirais que c’est assez complémentaire. Très naturel pour moi en tout cas, je retrouve vite les automatismes de l’une comme de l’autre.

L'an prochain pour la saison 11 de Formule E, les voitures seront par moments des quatre roues motrices, grâce à l'utilisation du moteur avant en traction. Que pensez-vous de cette évolution ?

C’est une bonne idée, je pense qu’on va gagner pas mal en performance et apporter quelque chose de nouveau donc c’est bien pour le sport.

Tutoyer la limite en qualif sur un circuit urbain avec une monoplace de 350 kW pour 856 kg, équipée de pneus de série, c'est comment ?

C’est très difficile ! Je dirais même plus qu’en Formule 1, parce que le niveau d’adhérence est quand même limité et étant donné qu’on est principalement sur des circuits urbains étroits, à la moindre erreur, on termine dans le mur. C’est plus difficile c’est sûr mais après c’est un challenge sympa pour nous les pilotes et c’est quelque chose que j’apprécie vraiment !

Quel est votre meilleur souvenir de toutes ces saisons déjà passées en Formule E ?

Clairement ma victoire à Paris, à domicile, en 2018.

Quel est votre circuit de Formule E préféré toutes saisons confondues ?

Je dirais Monaco car c’est une course historique, que ce soit en Formule 1 ou en Formule E. C’est un circuit superbe sur lequel en plus, en Formule E, on peut doubler, contrairement à la F1 et cela donne toujours des courses superbes à vivre en Principauté !

Cette saison de Formule E voit notamment l'introduction de Shanghai et Tokyo au calendrier, avec un tracé purement urbain pour cette dernière. Pensez-vous que Tokyo puisse être le temps fort de l'année avec des fans japonais connus pour leur enthousiasme ?

C’est en tout cas une course que tout le monde attend avec impatience. Entre toutes les courses de F1 et de WEC que j’ai faites au Japon, j’ai effectivement eu l’opportunité d’expérimenter l’exubérance des supporters. C’est sûr qu’ils sont extras et passionnés donc j’espère qu’ils seront nombreux pour notre course de Formule E et que l’on pourra partager ça avec eux.

Que peut-on te souhaiter pour cette saison ?

De gagner le championnat !