ELMS

Olivier Panis : « J’aime transmettre à nos pilotes pour qu’un jour ils quittent le nid plus fort ! »

Paris, 22 avril 2024 - L’ancien pilote de F1 reconverti Team Principal de sa propre équipe revient sur ses motivations au moment d’entamer sa neuvième saison dans le cadre de l’ELMS.

« J’aime transmettre à nos pilotes pour qu’un jour ils quittent le nid plus fort ! »

Après la carrière de pilote que vous avez connue, qu’est-ce qui vous pousse encore à courir avec votre propre équipe ?

On dit souvent que la passion dépasse la raison ! J’ai eu beaucoup de chance de réaliser la carrière qui a été la mienne grâce à l’aide énorme de ELF. C’est grâce à eux que j’ai débuté, que j’ai accédé à la Formule 1, et aujourd’hui je joue en quelque sorte un rôle d’ambassadeur qui me tient à cœur, pour redonner un peu. Concernant mon équipe, j’avais toujours dit « jamais ». Je sais combien c’est un métier compliqué. Puis j’ai un jour été embrigadé par des potes, dont Fabien Barthez, et cela va faire désormais neuf ans que l’aventure se poursuit ! Et ELF m’a toujours suivi. On partage la même passion et je suis fier de porter encore leurs couleurs après la F1. Pour tout le monde, ELF incarne la compétition automobile.

 

Qu’est-ce qui vous fait vibrer dans ce rôle de Team Principal que vous occupez ?

J’adore l’Endurance et ce qui me pousse c’est la passion évidemment. L’ADN de notre team, c’est former des jeunes pilotes, leur transmettre ce que j’ai moi-même appris au cours de ma carrière. En huit ans, avec Paul-Loup Chatin, Will Stevens et Job Van Uitert, on a eu trois pilotes qui sont devenus professionnels, respectivement au sein de l’Alpine Endurance Team avec ELF en Hypercar, de Jota Sport en Hypercar également et d’IDEC Sport en LMP2. Je suis le plus heureux quand je suis sur un circuit avec une équipée soudée et de fortes ambitions. Humainement, c’est fort ! Ce sont de sacrées montées d’adrénaline.

Pourquoi avoir fait le choix de l’ELMS ?

Déjà parce que les LMP2 ne sont plus admises en FIA WEC. Dans tous les cas, nous avons toujours fait l’ELMS car c’est un championnat où le niveau a toujours été très haut et il correspond aussi à ce que nous pouvons faire dans de bonnes conditions. Aujourd’hui, toutes les meilleures équipes LMP2 sont présentes en ELMS, il y a aussi de superbes équipages, donc c’est un beau challenge à relever. Mais aussi bien techniquement qu’humainement, on a les armes pour bien faire, on a un très beau line up de pilotes, je pense que l’on va embêter les gros teams, en tout cas moi je le fais pour gagner. On a déjà fait deuxième, troisième, quatrième, on a toujours été dans le top cinq mais on n'a jamais gagné, j’aimerais vraiment gagner ce championnat.

 

Quelle est la recette du succès en ELMS ?

La constance assurément. Il faut être constant dans la performance, il faut que les pilotes le soient également, qu’ils ne fassent pas d’erreurs, car il y a beaucoup de trafic en piste en ELMS. Après, l’erreur est humaine. Moi ce qui me plaît, c’est la relation avec les pilotes, c’est là où je rentre en jeu et que j’ai une valeur ajoutée. Je le ressens quand ils ne sont pas dans les meilleures dispositions, j’essaie de les rassurer, faire en sorte qu’ils soient à l’aise. Il faut leur apprendre à savoir gagner quand on a la meilleure voiture, mais aussi qu’ils sachent faire deuxièmes ou troisièmes, quand on n’a pas la meilleure voiture. En tout cas, chez nous on a un vrai esprit de famille, on est soudés, et je crois dur comme fer que quand on avance tous ensemble, que l’on essaie de comprendre nos erreurs ensemble, sans appuyer où cela fait mal, eh bien on en ressort plus forts.

Quelle est votre plus grosse qualité selon vous ?

Il est évident que j’ai beaucoup de caractère, et parfois un vrai caractère de cochon, mais je fais confiance aux gens. Je ne laisserai jamais tomber quelqu’un s’il n’est pas de mauvaise foi. Au fond je suis un vrai gentil, et quand je me donne, je le fais toujours à fond. Job Van Uitert était tout embêté de m’appeler pour me dire qu’on lui proposait de rouler gratuitement dans une autre équipe, mais moi je suis ravi pour lui, je suis fier de ce qu’il lui arrive. Aujourd’hui encore, il m’appelle pour me demander des conseils et je le fais avec plaisir car il s’est donné à fond pour le Panis Racing. Je fais cela pour qu’ils quittent le nid un jour plus forts que lorsqu’ils l’ont rejoint pour la première fois et qu’ils deviennent pilotes professionnels.

 

Que pensez-vous de votre trio de pilotes, lequel vient de conclure l’épreuve d’ouverture de Barcelone au cinquième rang ?

Je connais très bien Manuel Maldonado qui est quelqu’un d’humainement incroyable, et qui n’a pas encore dévoilé toute l’étendue de son potentiel. Je découvre davantage Charles Milesi et Arthur Leclerc, même si je les suis depuis pas mal de temps. Tous deux ont une très belle attitude, ils sont travailleurs, avec une vraie pointe de vitesse. Charles aujourd’hui est un pilote professionnel, il commence à avoir beaucoup d’expérience donc forcément il aura un petit peu un rôle de chef de file. Mais la clef de la réussite en Endurance, c’est qu’ils avancent tous les trois ensembles. En tout cas, de ce que j’ai vu pour l’ouverture du championnat, c’est prometteur, il y a déjà une vraie complicité entre eux. Chez nous, on a toujours eu la chance d’avoir des pilotes très partageurs et communicatifs. Dans cette discipline, il faut être cohérent, trouver un réglage qui convient aux trois. Il faut que l’équipage constitue un vrai trio dans les bons et les mauvais moments. Quand tu es en F1, tu agis en égoïste, tu ne cours que pour toi, là la dynamique est totalement différente mais la sauce a déjà l’air d’avoir bien pris.