Tragiquement disparu le 1er mai 1994 au sixième tour du Grand Prix de Saint-Marin, sur le circuit d’Imola, Ayrton Senna comptait alors soixante-cinq pole positions, quarante et une victoires et trois titres de champion du monde de Formule 1 (1988, 1990 et 1991). Mais le Brésilien avait construit sa légende dès le Grand Prix de Monaco 1984 où, au volant alors de sa modeste Toleman, il avait effectué une remontée d’anthologie sur Alain Prost, le leader du moment, avant que la direction de course ne se décide à interrompre la course en raison des conditions dantesques, le privant du même coup d’un potentiel premier succès. C’est donc au Portugal, sur le circuit d’Estoril, lors du deuxième Grand Prix de la saison 1985, qu’il avait finalement glané sa première victoire à bord de sa nouvelle Lotus Renault 97T aux couleurs d’ELF.
Le futur champion avait parfaitement débuté son week-end, en s’adjugeant la première pole position de sa carrière à vingt-cinq ans. Le jour de la course, Ayrton Senna s’élançait parfaitement depuis l’avant de la grille de départ, pour s’installer aux commandes, et ensuite survoler les débats, malgré le déluge, au point de reléguer la concurrence assez loin. Au quinzième tour, il se payait même le luxe de s’emparer du meilleur tour en piste. À l’issue de soixante-sept des soixante-neuf tours prévus, la course était finalement arrêtée par le directeur de course pour cause de piste rendue impraticable par la pluie, et Ayrton Senna pouvait célébrer la première victoire en F1 de sa carrière. « Ce fut une course tactique, difficile, virage par virage, tour par tour, décrivait-il alors, car les conditions changeaient tout le temps. La voiture glissait partout – il était très difficile de la garder sous contrôle. Une fois, j’avais les quatre roues sur l’herbe, totalement hors de contrôle, mais la voiture est revenue sur le circuit. » Il ajoutera cinq autres succès à son palmarès avec l’association entre l’écurie Lotus et ELF.