Nous avons encore assisté à une magnifique édition des 24 Heures du Mans avec la victoire d’AF Corse devant 332 000 spectateurs. Comment avez-vous vécu cette 93^e édition ?

Cette 93^e édition des 24 Heures du Mans a été exceptionnelle à bien des égards. Sportivement, nous avons assisté à une course intense, indécise jusqu’au bout, avec un très haut niveau de performance et de fiabilité. La victoire d’AF Corse consacre un engagement total dans un contexte de concurrence particulièrement relevée. Moins de 15 secondes d’écart à l’arrivée, à la régulière : on se rapproche d’une course sprint, mais qui dure 24 heures ! Au-delà du résultat, l’ambiance tout au long de la semaine a été extraordinaire. Avec 332 000 spectateurs, nous atteignons un record, après avoir été « sold out » en à peine 48 heures après l’ouverture de la billetterie. Cela témoigne de la passion intacte que suscite l’Endurance, et de l’attachement profond du public à cette course unique. C’est aussi une immense récompense pour toutes les équipes de l’ACO (Automobile Club de l’Ouest), de LMEM (Le Mans Endurance Management), et pour nos partenaires dont TotalEnergies fait partie depuis de nombreuses années.

L’Endurance vit un âge d’or depuis la création de la catégorie Hypercar avec huit constructeurs engagés. Comment voyez-vous l’avenir de la discipline à moyen terme ?

Nous avons voulu faire de l’Endurance une plateforme moderne, attractive, tournée vers l’innovation et la performance. Le règlement Hypercar a permis ce renouveau spectaculaire, en réunissant aujourd’hui les plus grands constructeurs mondiaux. La stabilité règlementaire que nous avons confirmée jusqu’en 2032 va permettre aux marques de s’inscrire dans la durée. L’Endurance séduit aussi par ses valeurs : elle met en avant la stratégie, la fiabilité, l’humain, la diversité technologique. Nous avons franchi un cap, mais ce n’est qu’un début. Le succès de cette saison montre qu’un équilibre a été trouvé entre spectacle, technique et engagement durable.

Vous venez d’annoncer que les prototypes Hypercar seront autorisés à courir en Asian Le Mans Series, une série dont TotalEnergies est un partenaire-fondateur.

En effet, les Hypercars « privées » pourront courir en Asian Le Mans Series à compter de la saison 2026/2027. Dès lors, ces Hypercars pourront évoluer sur le continent américain (IMSA), en Championnat du monde d’Endurance (WEC) et en Asie sous un format Pro-Am. Nous souhaitons développer ce championnat et répondre aux demandes des constructeurs.

À plus long terme, l’hydrogène devrait faire son apparition en Endurance. TotalEnergies est partenaire de l’ACO depuis la première heure sur le projet MissionH24.

Effectivement, l’hydrogène est un pilier de notre vision à long terme. Depuis le lancement du projet MissionH24, TotalEnergies est un acteur majeur de cette aventure, notamment à travers l’unité mobile de ravitaillement développée pour les démonstrations en conditions réelles. C’est une première mondiale, qui prouve que la compétition peut faire émerger des solutions concrètes pour demain. Avec la FIA, nous avons mis en place un groupe de travail chargé d’élaborer la future réglementation sécurité pour accueillir cette nouvelle catégorie. L’arrivée de l’hydrogène en compétition sera une étape historique, et je suis convaincu que notre partenariat avec TotalEnergies y jouera un rôle décisif.

En attendant, l’ACO et TotalEnergies partagent la volonté commune de décarboner le sport automobile. Quel est votre point de vue sur le carburant Excellium Racing 100 utilisé au Mans et en WEC ? 

L’Endurance ne peut se penser sans responsabilité environnementale. Depuis 2022, tous les concurrents des 24 Heures du Mans et du WEC utilisent un carburant 100 % durable : Excellium Racing 100, développé par TotalEnergies. Ce carburant permet de réduire de 65 % les émissions de CO_₂ sur son cycle de vie. C’est une avancée majeure et un symbole fort de ce que peut être un sport automobile responsable. Nous sommes fiers de porter ensemble ce message, avec des solutions concrètes, immédiatement déployées. C’est la preuve que la transition énergétique passe aussi par la compétition.

TotalEnergies est aussi un partenaire multi-énergies de l’ACO. Des projets sont en cours sur l’équipement énergétique du circuit. Pouvez-vous nous en dire plus ? 

Notre partenariat avec TotalEnergies dépasse largement le cadre du carburant. Le circuit des 24 Heures du Mans est aujourd’hui un véritable laboratoire de transition énergétique. Un réseau de bornes de recharge électrique est progressivement déployé, et TotalEnergies nous épaule afin d’améliorer l’efficience de l’ensemble de nos bâtiments. L’objectif est clair : faire du Mans un site à la fois performant et durable. C’est une mutation profonde, qui demande de l’ambition, de l’expertise et une vision à long terme. TotalEnergies est un partenaire stratégique sur tous ces sujets, et nous avançons ensemble de manière très fluide et constructive.

En 2032, ce sera la 100e édition des 24 Heures du Mans. Quelle pourrait être la grille de départ ?

La 100^e édition sera évidemment un rendez-vous symbolique et fort, à l’image de ce que nous avons connu en 2023 avec le centenaire de l’épreuve. Mais nous la préparons avec la même exigence que toutes les autres. À cet horizon, nous souhaitons accueillir une pluralité de technologies : hydrogène, carburants de synthèse, carburant durable, voitures hybrides... Notre ambition est de maintenir l’équilibre entre performance, innovation et responsabilité. L’histoire des 24 Heures du Mans a toujours été marquée par les grandes révolutions techniques. Celle de 2032 n’y échappera pas, et nous espérons bien évidemment que TotalEnergies sera à nos côtés pour écrire ce nouveau chapitre.