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Paolo Pavesio : « Le succès passe par un effort d'équipe. »

Après plus de deux décennies chez Yamaha, occupées à différents postes, Paolo Pavesio a été choisi pour prendre cette année la suite de Lin Jarvis à la tête de l’entité Yamaha Motor Racing. A 53 ans, le responsable italien ne manque pas d’ambition pour la marque aux trois diapasons.

Vous qui avez longtemps travaillé pour le marketing, comment abordez-vous le défi de la compétition ?

Chez Yamaha, le marketing et la compétition ont toujours été liés. Nous considérons que lorsque nous produisons un produit qui peut faire de la course, nous devons faire de la course. Durant mes années chez Yamaha Europe, j’ai contribué à mettre en place la structure engagée en motocross, l’activité Superbike et Supersport, la Coupe du Monde R3, mais aussi le programme Blu Cru dont je suis particulièrement fier. Nous avons aujourd’hui plus de mille jeunes pilotes, de 8 à 15 ans qui font partie de ce programme.

Succéder à Lin Jarvis est-il difficile ?

Je dirais plutôt que c’est un honneur. Personne ne peut remplacer Lin. Il a créé l’entité Yamaha Motor Racing en 2003, l’année où j’ai rejoint la société. Avec huit titres de champion du monde et vingt-six saisons passées dans le paddock MotoGP, c’est une légende du sport moto. Ce que j’apprécie dans le fait de lui succéder, c’est que c’est une succession interne. Je sais que Lin a mentionné mon nom quand il a fallu trouver celui qui allait prendre sa place. La transition s’est faite en douceur, d’autant qu’il reste conseiller pour Yamaha. Je suis chanceux de pouvoir toujours compter sur lui.

Lin a pris les rênes du programme MotoGP à une époque où Yamaha était en difficulté, le dernier titre de la marque remontant à 1992 avec Wayne Rainey. Vous prenez la suite à un moment également délicat pour Yamaha. Peut-on faire un parallèle ?

Je serais ravi que le rebond soit le même ! Ce que je sais avec certitude aujourd'hui, et c'était peut-être la même chose il y a 25 ans, c'est qu'il y a beaucoup de motivation dans toute l'entreprise, dans toute l'organisation, pour réussir ce redressement. Et j'ai aussi appris au cours de toutes ces années que ce n'est jamais le succès d'un seul homme qui peut changer complètement la donne. Le succès passe par un effort d'équipe. Il y a la motivation, il y a les ressources, il y a une nouvelle façon de travailler, que j'aime aussi beaucoup, car dans mon expérience à Amsterdam, l'une des choses que j'ai le plus appréciées, quel que soit le sujet, était de travailler avec une équipe mondiale. Chez Yamaha Europe nous étions également responsable du marketing pour tous les marchés mondiaux, où les produits européens étaient vendus. Et c'est ce que j'aime, rassembler les gens, la culture, pour un objectif commun. Je pense que c'est l'objectif de ce projet, montrer que nous pouvons être de retour, travailler d'une nouvelle manière, le Japon et l'Europe ensemble, pas en parallèle, pas de manière séparée, mais vraiment ensemble.

Parlez-nous des changements mis en place pour vous aider à retrouver le chemin de la victoire…

Nous avons à nouveau quatre pilotes grâce à l’arrivée de l’équipe Pramac dans la famille Yamaha. On l’a vu dès les premiers tests de l’inter-saison, ceci est un vrai plus. Il a fallu mettre tout cela en place, mais nous avons maintenant une structure d’ingénieurs dans les deux équipes très bien coordonnée qui partagent les données pour apprendre les uns des autres. Je suis très heureux de l’état d’esprit du team Pramac qui nous a rejoint avec beaucoup d’enthousiasme. Nous avons également mis en place, ensemble, une nouvelle équipe en Moto2 pour former des jeunes. Tout cela participe à la même ambition de retrouver au plus vite notre place au sommet.

Comment fonctionne aujourd’hui la collaboration entre le Japon et l’Europe ?

J'ai rejoint Yamaha Europe en 2014. Le conseil d'administration comptait alors sept personnes et seulement deux non-Japonais. Aujourd'hui, il y a huit personnes, le président n'est pas japonais et sept des huit membres sont européens. Cette idée d'être plus ouvert, de faire évoluer l'entreprise d'une société japonaise à une entreprise mondiale, qui est née au Japon, dont le siège social est au Japon, est maintenant très visible, ce qui est également le cas en MotoGP d’ailleurs. A cela s’ajoute le fait que l’Italie est aujourd’hui au MotoGP ce que l’Angleterre est à la Formule 1. La logistique, la gestion sportive, le développement… L’Europe est incontournable dans le monde des sports mécaniques. Pour autant, beaucoup de choses se font encore au Japon. Disons que nous avons des groupes de travail au Japon et en Italie, mais nous faisons en sorte d’éviter les doublons. Il y a des groupes qui travaillent ensemble sur différents sujets et la plupart des sujets sont encore menés au Japon, mais il y a toujours des personnes qui apportent des connaissances de l'Europe et il y a des domaines où l'Europe est clairement en tête, comme celui de l'aérodynamique.