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Loris Capirossi : « J’ai eu du mal à croire que j’étais le plus jeune gagnant de Grand Prix »

A 51ans, Loris Capirossi demeure un personnage central du championnat MotoGP. Membre de la direction de course, responsable de la sécurité des pilotes, l’Italien n’a jamais quitté un paddock où il demeure le plus jeune champion du monde de l’histoire.

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En 1990, vous participiez à votre première saison de championnat du monde dans la catégorie 125 avec l’équipe Honda Elf Pileri…

Oui, et c’était pour moi un rêve. J’avais tout juste 17 ans… C’était juste incroyable de me retrouver avec tous ces grands pilotes que j’admirais et que je suivais depuis mon enfance.

Et vos résultats ont été tout aussi incroyables puisque vous avez décroché le titre de champion du monde en fin de saison. Imaginiez-vous cela en arrivant au Japon pour votre premier Grand Prix ?

Non… Je n’oublierai jamais ce que Mario Galeotti, mon chef mécanicien, m’avait dit avant de partir pour Suzuka… « Écoute Loris, il ne faut pas que tu sois déçu si tu ne parviens pas à te qualifier. Il y aura beaucoup de pilote japonais engagés sur cette course, et tu sais qu’ils sont très rapides. Ça sera quoi qu’il en soit pour nous un premier pas dans ton apprentissage. » Je ne comprenais pas vraiment de quoi il voulait me parler. Mon ambition était alors bien supérieure au simple fait de me qualifier. Je voulais repartir de Suzuka avec un bon résultat ! Je me suis finalement retrouvé 24e sur la grille de départ, mais en course, j’ai réussi à remonter jusqu’à la 6e place. Et pour cela, j’ai doublé Fausto Gresini, mon coéquipier. A l’arrivée, Mario n’était pas content que j’ai effectué ce dépassement. « Pourquoi tu as fait ça ? C’est le boss de l’équipe ! » Ok, Mario, je ne le ferai plus !

Et vous avez recommencé…

Bien sûr ! La course suivante, à Jerez, je termine 7e, et à Misano, deux semaines après l’Espagne, je monte sur mon premier podium. J’étais tombé aux essais, mais j’ai réussi à faire une super course alors que je ne disposais pas d’une moto d’usine. A partir de là, j’ai enchaîné les podiums et les victoires. Fausto avait déjà deux titres de champion du monde en poche, et cette année-là il était un peu moins rapide. Finalement, il m’a beaucoup aidé tout au long de la saison. Ses conseils ont été précieux.

Vous vous souvenez de votre première victoire ?

Bien sûr, c’était en Angleterre, à Donington. Ce circuit reste à ce jour de l’un de mes préférés. Je l’ai d’ailleurs aimé dès la première course que j’y ai faite, en 1989, en championnat d’Europe. Cette première victoire, il m’a fallu un moment pour y croire. En passant la ligne d’arrivée, j’ai eu du mal à réaliser que j’étais devenu le plus jeune pilote vainqueur d’un Grand Prix.

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Et en fin de saison, vous êtes devenu, à 17 ans et 165 jours, le plus jeune champion du monde de l’histoire des Grands Prix. Record qui tient encore à ce jour…

Ça s’est joué en Australie, sur le circuit de Phillip Island, lors de la dernière course. Je crois que je n’ai pas fermé l’œil dans la nuit de samedi à dimanche. J’étais super nerveux à l’idée de pouvoir décrocher ce titre. J’avais alors dix points de retard sur Hans Spaan. J’ai pris un super départ, et derrière moi, il y a eu un contact entre Stefan Prein, qui jouait aussi le titre, et Alessandro Gramigni. Il y avait alors un groupe de pilote Italiens qui ont, disons, favorisé mon succès. Fausto Gresini était lui à la lutte avec Hans Span… Et je dois dire qu’il m’a pas mal aidé, même si à la fin il a terminé derrière le Néerlandais. En ralentissant Span, il a permis à Casanova et Romboni de terminer entre Spaan et moi. C’était suffisant pour que je devienne champion du monde. En 2021, Pedro Acosta a bien failli me prendre le record de précocité quand il est devenu champion du monde Moto3. Mais je l’ai finalement conservé pour un seul petit jour !

Vous avez été de nouveau champion du monde 125 en 1991, puis vous êtes ensuite passé en 250 avec la même équipe. Quelles ont été vos relations avec Elf durant cette période ?

Elles ont toujours été excellentes. A cette époque, nous courions avec des moteurs 2-temps et la qualité du carburant était vraiment très importante, notamment dans les petites cylindrées, car elle permettait de gagner plusieurs chevaux. Les lubrifiants comptaient aussi beaucoup pour améliorer la fiabilité de ces mécaniques qui pouvaient s’avérer fragiles. Aujourd’hui encore j’utilise les produits Elf sur les nombreuses motos qui m’attendent dans mon garage.