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Loïc Duval : Entre Soleil Levant et 24 Heures du Mans

Vainqueur des 24 Heures du Mans et Champion du monde d’Endurance 2013 après une brillante carrière au Japon, Loïc Duval est pilote du Team Peugeot TotalEnergies depuis le retour du constructeur français dans la discipline en 2022. C’est d’ailleurs avec Peugeot, et sous les couleurs de Total, que Loïc s’était fait remarquer avec le record tour en course aux 24 Heures du Mans 2010…

Tu reviens d’Imola où tu as disputé la deuxième manche du championnat FIA WEC avec le Team Peugeot TotalEnergies. C’est près d’Imola, à Bologne, que tu t’es exilé à tout juste 18 ans pour vivre ta passion du sport auto. Raconte-nous…

Oui, je suis venu dans la région un petit peu avant mes 18 ans. Je courais en karting. A cette époque-là, à 17 ans on faisait encore du kart. Je sais que maintenant les mecs font de la F1 à 17 ans, mais nous à l'époque on faisait encore du kart ! C'était une autre génération. Et en fait je faisais partie de l’équipe Cosmic basée à Reggio Emilia, donc j'ai passé pas mal de temps à Reggio Emilia, Parme, Bologne, toute cette magnifique région. C’est hyper sympa d'y vivre, et puis Imola, c'est un vrai héritage du sport auto. C'est toujours un plaisir de revenir à Imola, et de pouvoir performer ici devant des fans italiens.

Et ce n’est pas ton seul exil puisque tu es parti au Japon en 2006. Mais avant ça, parle-nous de ta saison 2005, il y a 20 ans, en F3 Euro Series face aux Hamilton, Vettel, Kubica.

Après avoir gagné la Formule Campus et la Formule Renault en France, je suis passé en F3 où il y avait un beau plateau : Nico Rosberg, Lewis Hamilton, Robert Kubica, Adrian Sutil, Sébastien Vettel... Mais j'ai eu la chance de remplacer Lewis Hamilton à Macao, fin 2005. Macao, c’était un peu la « Coupe du monde » du sport auto. Je signe la pole position, je gagne la première course mais malheureusement je fais un jump-start au départ de la deuxième. Très dur à encaisser, mais ça m'a permis aussi de rebondir au Japon car sur la grille de départ de Macao, il y avait Kazuki Nakajima et son père Satoru qui avait une équipe de course au Japon.

Donc en 2006, tu pars au Japon où ta carrière prend un nouveau départ.

Oui, un nouvel exil. J'ai couru en Super Formula et Super GT, j'ai gagné les deux championnats. C’est peut-être la plus belle expérience sportive et humaine que j'ai pu avoir. Le Japon, c'est vraiment différent, j'ai adoré et ça reste une très belle période de ma carrière alors que tout avait découlé d'un très mauvais moment à Macao ! Quand tu gagnes Macao en F3, il peut se passer plein de choses, il y a peut-être la F1 qui s'ouvre… Moi j'ai eu cette opportunité au Japon et au final, c'était une superbe aventure.

Tu résides au Japon, mais tu reviens quelques fois en Europe, et notamment au Mans en 2008. Pour tes premières 24 Heures sur un proto Oreca, tu es élu meilleur jeune.

C'est vrai que lors de ma première participation, j'ai obtenu le Prix Jean Rondeau qui récompensait le meilleur jeune. C'était en 2008. Ensuite, il y a eu une crise économique, donc je n'ai pas participé au Mans en 2009 pour des raisons budgétaires. Mais je suis revenu en 2010, de nouveau avec Oreca qui m'avait mis le pied à l'étrier en Endurance.

Tu y reviens deux ans plus tard, sur une Peugeot 908 Oreca aux couleurs de Total. Et là, tu n’es pas loin de gagner, après avoir signé le record du tour.

Le Mans fut pour moi la confirmation que les courses d’Endurance, partager un cockpit avec des équipiers, c’est vraiment ce que j’aimais dans le sport auto. Et puis j’adore Le Mans. Il y a beaucoup de choses dans ma carrière qui se sont passées au Mans : ma première course de karting, la filière FFSA, mon premier titre de champion…. Et je suis originaire de Chartres, à une heure du Mans… En 2010 on était hyper performants avec Olivier Panis et Nicolas Lapierre sur la Peugeot 908 HDI Oreca. A une heure et demie de l’arrivée, on est deuxièmes et on est les plus performants en piste. J'étais au volant de la voiture à ce moment-là et je réalise le meilleur tour en course, à l'époque le meilleur tour absolu du circuit du 24 Heures…C’était potentiellement mon premier podium au Mans et puis… Je dois avouer que les larmes me sont venues quand j'ai dû garer la voiture sur le côté de la piste à Arnage…

En 2011, tu gagnes les 12 Heures de Sebring sur cette Peugeot, avant de signer chez Audi en 2012, alors que tu roules pour Toyota au Japon !

Après mes premières années au Mans, je savais que j'avais envie de venir en Endurance, et de refaire cette course unique. J’avais tout gagné au Japon et je voulais découvrir autre chose. Fin 2011, je suis pilote Toyota au Japon et je sais que Toyota va venir en Endurance…J'ai eu une offre de Toyota, une offre de Peugeot, et une offre d'Audi ! A l’époque Audi gagne tout et en plus j'ai deux potes qui sont chez Audi, Benoît Tréluyer et André Lotterer, qui viennent aussi du Japon… Et me voilà chez Audi.

L’année suivante, tu es associé à Tom Kristensen et Allan McNish sur l’Audi e-tron quattro. Tu signes la pole au Mans, tu gagnes cette course mythique et tu es Champion du monde.

On remporte les 24 heures du Mans 2013. Ca reste un souvenir extraordinaire, mais après l’accident dramatique du début de course, il y avait une chape de plomb sur cette édition-là et je n’ai pas pu savourer pleinement ma victoire. Cette année-là, je suis aussi Champion du monde avec Tom et Allan qui sont deux méga stars de l'Endurance avec un énorme palmarès, donc c'était cool de vivre ça avec eux.

Le Mans peut être si cruel : victoire en 2013 et un crash effrayant en 2014 dans les Virages Porsche.

Oui, une violente sortie de route qui m'a valu de ne pas participer à cette édition parce que ça avait quand même tapé fort et je n’étais pas en super état après le crash. Ca fait partie de mon histoire au Mans. Je reste néanmoins un grand fan des circuits à l'ancienne où l’erreur n’est pas toujours pardonnée, même si je remercie la FIA et les constructeurs qui ont toujours amélioré notre sécurité.

Tu finis ton histoire avec Audi en 2016 sur un titre de vice-Champion du monde. Tu roules aussi en Formula E et en DTM.

En 2016, je suis sur le podium des 24 Heures du Mans et vice-Champion du monde. Un peu frustrant parce que je pense que sans un ou deux problèmes mécaniques, on devait être champions parce qu'on avait plus de performances que les vainqueurs. Mais voilà, ils ont été meilleurs que nous en fiabilité et ils ont gagné. En parallèle, j’ai découvert la Formule E, une approche complètement différente. C'était assez excitant en termes de course, de gestion d'énergie, etc.. Fin 2016, Audi prend la décision d'arrêter l'Endurance et ils me proposent d'aller faire du DTM. J'ai aussi l'opportunité de rejoindre Toyota, mais sur la troisième voiture et pas pour la saison complète. J’ai choisi de rester chez Audi par fidélité. Mais le Mans me manquait…

Tu y reviens en LMP2, avant d’être appelé par Peugeot pour son retour dans la discipline.

J’ai l'opportunité de rejoindre une équipe en LMP2 ce qui me permet d'attendre un retour potentiel dans la catégorie-reine. Ca a été une expérience top, j'ai fait trois Le Mans en LMP2. En 2022, j’étais ravi de rejoindre Peugeot, un constructeur avec lequel j’avais fait mes premiers pas en Endurance. Peugeot, c'est une marque qui a une si grande histoire en sport automobile, toutes catégories confondues, et en Endurance… Et puis en tant que Français, pouvoir être au Mans avec un constructeur français, un partenaire multi-énergies français, ça, c'est top.

TotalEnergies est partenaire de ce championnat FIA WEC et de Peugeot, et fournit un carburant vert Excellium 100. Contribuer à la décarbonation du Motorsport, est-ce un paramètre important pour toi ?

Au-delà du sport, je suis avant tout un être humain, un consommateur, un père de famille.  On veut tous profiter de la vie mais d'un autre côté, on doit tous faire des efforts pour limiter notre impact environnemental. Je pense que le sport à haut niveau, et particulièrement celui dans lequel on évolue, est une vitrine, un laboratoire de développement. En l'espace d'une dizaine d'années la consommation d'énergie fossile au Mans a été réduite de façon drastique. On utilise des carburants de moins en moins polluants, comme l’Excellium 100. Donc oui, je pense que c'est essentiel d’avoir un sport auto le plus propre possible. On a besoin de cette compétition pour justement être en mesure de trouver des solutions à nos défis environnementaux.

TotalEnergies a toujours été engagé en Motorsport. Qu’est-ce que la Compagnie évoque pour toi, un amoureux du sport automobile ?

Avant on parlait d’ELF, de Total. Le nom a évolué, mais pas leur passion pour le Motorsport. Oui TotalEnergies a toujours été présent. Je le considère comme un partenaire fidèle de l'automobile, de la course, de l'élite du Motorsport, du développement technologique. Ils ont toujours été là, peu importe les années, les difficultés… TotalEnergies a toujours été un soutien et pour nous, acteurs de ce monde-là, d'avoir des partenaires comme TotalEnergies nous a permis de nous exprimer pleinement et de progresser.