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Fabio Quartararo : « On a vraiment gagné en efficacité. »

Arrivé en MotoGP avec Yamaha en 2019, champion du monde avec la M1 en 2021, Fabio Quartararo a depuis subi la domination des constructeurs européens. Le Français entame aujourd’hui sa septième saison avec la marque japonaise avec la claire ambition de la remettre sur le devant de la scène.

Qu’attendez-vous de cette saison 2025 ?

Une amélioration. Plus qu’en termes de résultats, j’attends de voir les méthodes de travail mises en place porter leurs fruits. Avant de penser à retrouver les avant-postes, ce serait déjà positif de ne plus avoir à se demander chaque week-end si l’on va pouvoir passer en Q2 ou pas. Il faut que l’on soit capable de se retrouver dans le top dix dès le vendredi.

Qu’est-ce qui a été mis en place pour parvenir à vos attentes ?

Quand j’ai reconduit mon contrat avec Yamaha, il y a eu de longues discussions car je demandais beaucoup de choses : de nouvelles personnes, des ingénieurs supplémentaires, un team satellite, un nouveau projet… C’est la première fois, cette année, que tout est enfin réuni. Yamaha a vraiment fait d’énormes efforts pour rattraper son retard, et je suis content de voir tout ça, même si, évidemment, nous allons devoir être patients pour en récolter les fruits. Honnêtement, je vois que depuis l’arrivée de Max (Bartolini), les mentalités évoluent. Quand il fallait un mois il y a un an pour obtenir quelque chose, on l’a désormais en quinze jours. On arrive aujourd’hui à utiliser de nouvelles pièces sans qu’elles aient été validées et revalidées, même s’il n’y en a qu’une à disposition. Et quand quelque chose ne fonctionne pas, on le met de côté et on continue d’avancer. Avant il fallait sans cesse essayer et réessayer des choses alors qu’on savait très bien que ça ne menait à rien. Je ne vais pas dire que les Japonais ont désormais une mentalité européenne, mais ils commencent vraiment à s’en rapprocher. En tout cas ils se sont clairement ouverts à de nouvelles méthodes.

Quand on s’est battu pour la victoire comme vous l’avez fait, comment vit-on de se retrouver loin du podium, presque dans l’anonymat ? Comme le surmonte-t-on ?

C’est une situation difficile à vivre. Il y a beaucoup de moments compliqués… La performance, elle vient du pilote, mais aussi de la moto et de l’équipe. Quand tu sais que tu es capable de te battre pour la victoire, ou tout du moins pour le podium, et que ta limite c’est la machine, c’est difficile à admettre. Tu en veux à tout le monde. Alors quand cela m’arrive, je pense à 2019, et je me dis que si Yamaha ne m’avait pas donné la chance de débuter en MotoGP, je n’aurais peut-être jamais eu cette opportunité. C’est quelque chose qui a complétement changé ma vie. J’ai aussi appris à contrôler mes colères, la frustration… Depuis l’an dernier je suis capable de me fixer des objectifs raisonnables qui correspondent à ce que la moto permet à l’instant T. Cela m’aide à communiquer de meilleures informations à l’équipe. J’ai vu lors des tests de Sepang que j’avais progressé à ce niveau. En étant plus calme, mes commentaires sont plus précis et les ingénieurs en ont eu la confirmation en les superposant avec leurs datas. Sincèrement, je n’ai jamais été aussi clair et précis que lors des tests de cet hiver. Le fait d’avoir changé de méthodes m’aide aussi beaucoup. On teste un truc, si ça va ça va, si ça ne va pas on l’enlève et on passe à autre chose. On a vraiment gagné en efficacité, et c’est aussi un moyen d’être positif même si les résultats ne sont pas encore à la hauteur de ce qu’on vise. J’ai deux saisons devant moi avec Yamaha, ce sont peut-être les deux plus importantes de ma carrière, et je veux vraiment les aider à revenir au meilleur niveau. C’est une vraie motivation. Après ça, je n’aurai plus de temps à perdre et j’irai où ce sera le mieux pour moi.

Qu’est-ce qui a le plus changé depuis 2019 et vos débuts en MotoGP ?

Le rapport de force entre Ducati et les constructeurs japonais. Quand je suis arrivé, les Italiens commençaient à récolter les fruits de leur travail d’innovation. Les ailerons, l’électronique, les ride height devices… Et quand il ont commencé à gagner, ils ont continué à développer leur moto avec de nouvelles idées. Ils ont poussé, poussé… Chez Yamaha, après mon titre en 2021, tout le monde s’est dit qu’on avait une très bonne moto et qu’on n’avait pas trop besoin de la modifier. Quand on regarde les motos de 2019 et celles d’aujourd’hui… On a changé d’univers.