Quels sont vos rôles respectifs ?
Thomas. Je suis responsable technique multi énergies au sein de la direction compétition basée à Paris. Mon rôle est de m’assurer de la bonne coordination de toutes nos activités techniques liées à la compétition pour l’auto, la moto ou encore le camion. Dans le cas du FIA WEC par exemple, cela consiste à piloter le développement de carburants adaptés mais aussi à s’assurer que tout se passe bien avec le promoteur pour la livraison du carburant, avec les contrôles de qualité d’avant et d’après course. Dans mon portefeuille, j’ai aussi toutes les autres énergies que l’on peut déployer en compétition, que ce soit l’hydrogène, les batteries, les lubrifiants, les autres fluides liés aux batteries, la recharge électrique… Dans notre portefeuille de partenariats, nous avons certains championnats où l’on est partenaire titre et fournisseur officiel de carburant, d’autres où l’on a des accords avec des teams. Aussi, je me déplace régulièrement sur différents fronts car il n’y a pas mieux que le terrain pour avoir le meilleur retour de nos produits en usage.
Corentin. Comme Jérôme, je suis basé à Givors, près de Lyon, chez TotalEnergies Additives and Fuels Solutions, avec le rôle de superviser toute la partie compétition en piste de notre entité, mais moi je suis détaché plus spécifiquement auprès de Peugeot Sport, notre partenaire en FIA WEC, qui aligne des 9X8 Hypercar en course. Dans ce cadre, on leur fournit vraiment l’intégralité des lubrifiants pour le moteur, la boîte de vitesses ou les différentiels, donc je suis l’ingénieur mis à leur disposition pour faire des analyses en temps réel. Dès que la voiture rentre au box, que ce soit en essais privés ou en course, on prélève un échantillon des différents lubrifiants à différents endroits de la voiture, et on va l’analyser à l’aide d’un spectromètre à disques rotatifs, pour lequel on a juste besoin de deux millilitres d’échantillon. Le principe est d’identifier les métaux qui sont présents dans l’échantillon afin de juger de l’usure des pièces métalliques. Du fait de notre expérience nous avons beaucoup de données emmagasinées avec une base de données importante, nous pouvons donc dire avec précision si tel ou tel composant est en bon état d’usure ou non, s’il s’agit d’une usure normale ou anormale. Dans le cas d’usure normale, il n’y a pas de soucis. Si l’usure est anormale, mon rôle est vraiment d’alerter les ingénieurs ou motoristes de chez Peugeot Sport. Une vraie aide à la décision quand on doute sur l’état de santé d’une pièce mécanique !
Jérôme. J’ai la charge du contrôle du carburant unique Excellium Racing 100, certifié 100 % durable, que nous fournissons dans le cadre du FIA WEC et de l’ELMS mais c’est aussi quelque chose que nous faisons en GT World Challenge. C’est généralement à la fin de qualifications ou de la course, pendant les vérifications techniques, mais cela peut aussi être pendant l’événement. Les commissaires de la FIA choisissent quelles voitures sont concernées par l’analyse carburant, or généralement ce sont trois ou quatre autos par catégorie. On dispose pour cela d’un appareil qui a été développé en interne depuis l’époque de la F1, c’est un chromatographe à phase gazeuse portable. À la fin, on obtient un chromatogramme (que l’on appelle également empreinte, telle une empreinte digitale), qui détaille la cinquantaine de composés dudit carburant. Or comme nous le fabriquons nous-même, nous connaissons exactement sa composition et nous sommes donc en mesure de comparer de manière très précise.