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28/06/2024 Actus

Les hommes de l’ombre de TotalEnergies en compétition

Respectivement responsable technique multi-énergies, ingénieur assistance piste détaché auprès de Peugeot Sport en FIA WEC et analyste carburant, Thomas Fritsch, Corentin Loiseau et Jérôme Capuano sont trois des personnages clefs qui composent les effectifs de TotalEnergies en compétition. Ils racontent leur quotidien et la passion qui les anime…

Quels sont vos rôles respectifs ?

Thomas. Je suis responsable technique multi énergies au sein de la direction compétition basée à Paris. Mon rôle est de m’assurer de la bonne coordination de toutes nos activités techniques liées à la compétition pour l’auto, la moto ou encore le camion. Dans le cas du FIA WEC par exemple, cela consiste à piloter le développement de carburants adaptés mais aussi à s’assurer que tout se passe bien avec le promoteur pour la livraison du carburant, avec les contrôles de qualité d’avant et d’après course. Dans mon portefeuille, j’ai aussi toutes les autres énergies que l’on peut déployer en compétition, que ce soit l’hydrogène, les batteries, les lubrifiants, les autres fluides liés aux batteries, la recharge électrique… Dans notre portefeuille de partenariats, nous avons certains championnats où l’on est partenaire titre et fournisseur officiel de carburant, d’autres où l’on a des accords avec des teams. Aussi, je me déplace régulièrement sur différents fronts car il n’y a pas mieux que le terrain pour avoir le meilleur retour de nos produits en usage.

 

Corentin. Comme Jérôme, je suis basé à Givors, près de Lyon, chez TotalEnergies Additives and Fuels Solutions, avec le rôle de superviser toute la partie compétition en piste de notre entité, mais moi je suis détaché plus spécifiquement auprès de Peugeot Sport, notre partenaire en FIA WEC, qui aligne des 9X8 Hypercar en course. Dans ce cadre, on leur fournit vraiment l’intégralité des lubrifiants pour le moteur, la boîte de vitesses ou les différentiels, donc je suis l’ingénieur mis à leur disposition pour faire des analyses en temps réel. Dès que la voiture rentre au box, que ce soit en essais privés ou en course, on prélève un échantillon des différents lubrifiants à différents endroits de la voiture, et on va l’analyser à l’aide d’un spectromètre à disques rotatifs, pour lequel on a juste besoin de deux millilitres d’échantillon. Le principe est d’identifier les métaux qui sont présents dans l’échantillon afin de juger de l’usure des pièces métalliques. Du fait de notre expérience nous avons beaucoup de données emmagasinées avec une base de données importante, nous pouvons donc dire avec précision si tel ou tel composant est en bon état d’usure ou non, s’il s’agit d’une usure normale ou anormale. Dans le cas d’usure normale, il n’y a pas de soucis. Si l’usure est anormale, mon rôle est vraiment d’alerter les ingénieurs ou motoristes de chez Peugeot Sport. Une vraie aide à la décision quand on doute sur l’état de santé d’une pièce mécanique !

 

Jérôme. J’ai la charge du contrôle du carburant unique Excellium Racing 100, certifié 100 % durable, que nous fournissons dans le cadre du FIA WEC et de l’ELMS mais c’est aussi quelque chose que nous faisons en GT World Challenge. C’est généralement à la fin de qualifications ou de la course, pendant les vérifications techniques, mais cela peut aussi être pendant l’événement. Les commissaires de la FIA choisissent quelles voitures sont concernées par l’analyse carburant, or généralement ce sont trois ou quatre autos par catégorie. On dispose pour cela d’un appareil qui a été développé en interne depuis l’époque de la F1, c’est un chromatographe à phase gazeuse portable. À la fin, on obtient un chromatogramme (que l’on appelle également empreinte, telle une empreinte digitale), qui détaille la cinquantaine de composés dudit carburant. Or comme nous le fabriquons nous-même, nous connaissons exactement sa composition et nous sommes donc en mesure de comparer de manière très précise.

Quelle est la nature de votre apport ?

Thomas. J’ai un rôle de chef de projet mais volontairement chez nous, on s’appuie sur le savoir-faire des différents métiers. Que ce soit notre entité de Givors pour les carburants spéciaux, Saft pour les batteries, les équipes Gaz Mobility pour la partie hydrogène, le CReS, notre centre de recherche de Solaize, pour les fluides des véhicules électriques… Parce que ce sont eux les vrais experts et surtout c’est une valeur forte sur laquelle nous pouvons communiquer : les gens qui développent les produits compétition, développent aussi les produits en vie série pour nos clients de tous les jours. Il y a chez TotalEnergies une forte synergie entre série et compétition.

 

Corentin. Sur un week-end de courses, on procède à pas loin de cinquante analyses. Une analyse c’est moins de deux minutes, c’est aussi cela la force de notre expertise. On peut donner un résultat très rapidement, donc la valeur ajoutée est réelle car les sessions s’enchaînent généralement très rapidement. D’autant plus qu’il y a potentiellement de gros résultats sportifs à la clef pour Peugeot Sport en s’assurant d’une fiabilité maximale.

 

Jérôme. Le but, c’est de s’assurer de la qualité du carburant, en vérifiant qu’il n’y ait pas eu d’ajouts pour diverses raisons, et de garantir ainsi l’équité sportive entre les compétiteurs. Pour une saison de FIA WEC, nous fournissons près de huit cent mille litres. Or il faut que ce carburant soit issu d’un seul et unique lot. De manière à que ce soit absolument le même lorsque les équipes le reçoivent au Qatar en février pour la première manche ou aux États-Unis en septembre. Donc, on ne fabrique qu’un seul lot, qu’on contrôle tous les mois par souci de rigueur. De même, à chaque fois qu’il est mis en fût pour aller sur un événement, on le recontrôle pour garantir aux équipes qu’il n’a pas évolué.

Qu’est-ce qui vous passionne dans votre métier ?

Thomas. Mon métier m’oblige à être vraiment multicarte et d’avoir une expertise technique sur différents sujets. C’est ce qui le rend très intéressant. Après, c’est un gros avantage aussi pour nos partenaires. Peugeot Sport, par exemple, quand ils nous appellent, qu’ils veuillent du lubrifiant pour leur boîte de vitesse, leur moteur, du carburant, une batterie ou un fluide de refroidissement batterie, ils ont le même point d’entrée. Mon rôle, c’est prendre en compte toutes ces sollicitations pour leur fournir une réponse globale et de les accompagner ensuite dans le développement et l’exploitation desdits produits.

 

Corentin. C’est vivre la course au sein de l’équipe, d’autant plus que moi je vis Peugeot, je dors Peugeot, je mange Peugeot, je suis vraiment intégré au team. Je fais aussi avec eux les quelques huit séances d’essais qui sont programmées dans l’année. C’est quelque chose d’unique. Je suis vraiment un maillon de la chaine de performance de l’équipe.

 

Jérôme. Pleins de choses sont intéressantes parce qu’on vit au milieu des équipes de contrôle de la FIA, on a une interaction très enrichissante avec toutes les parties présentes, aussi bien les teams que les gens de l’organisation. On apprend beaucoup, on leur en apprend sur nos produits qui sont souvent inconnus pour eux, on voit comment tout le monde travaille. On vit vraiment le sport automobile de l’intérieur. D’ailleurs, nous ne sommes pas là uniquement pour faire les analyses carburant de fin de qualification ou de course. Par exemple, les voitures pouvant rouler dans d’autres championnats avec potentiellement d’autres carburants que les nôtres, cela peut arriver parfois que le réservoir soit mal rincé, aussi, si le team a le moindre doute sur son carburant, on leur fait une analyse en début d’événement pour voir si le réservoir est bien propre, afin d’éviter de se faire déclasser pour utilisation d’un mauvais carburant. Mieux vaut prévenir que guérir.