Était-ce une évidence pour vous de vous installer au volant après la disparition de votre pilote ?
J’ai toujours rêvé de faire de la compétition depuis tout petit. Mais je n’avais pas le budget, aussi je ne pensais pas réaliser ce rêve de gosse. J’étais déjà très heureux de travailler dans le milieu de la course camions. Quand Anthony est décédé, on était plusieurs actionnaires dans l’équipe, avec tous un avis différent. Certaines personnes voulaient arrêter complètement, d’autres voulaient repartir, moi mon seul souhait était de faire au moins Le Mans. Je ne voulais pas arrêter du jour au lendemain par rapport à nos mécaniciens, nos partenaires, nos fans, afin en quelque sorte de clôturer l’histoire. On a donc cherché des pilotes. Mais les pilotes de camions roulaient tous déjà soit dans le cadre du championnat de France, soit dans celui du championnat d’Europe, donc il n’y en avait pas beaucoup de disponibles. On avait pensé mettre un pilote de voiture, mais on craignait qu’il veuille faire aussi bien qu’Anthony et que ça se finisse mal… C’est en discutant un soir avec Pascal notre chef mécano, que l’idée a germé. Il m’a dit que le résultat pour lui n’était pas la priorité. Du coup, ça a fait tilt dans ma tête et j’ai proposé de relever le défi moi-même pour Le Mans. J’ai suggéré que l’on passe une journée à Nogaro, afin d’essayer si j’arrivais à conduire le camion. Si j’arrivais, je prenais le volant, sinon on cherchait une autre solution. Et comme ça s’est plutôt bien passé, ils m’ont dit ok.
Pourquoi cela a-t-il continué depuis ?
À la base, c’était censé être un one shot. J’ai réalisé un rêve de gosse, mais pas du tout dans les circonstances rêvées. Puis les résultats ont suivi. Au Mans, j’ai gagné une course. Moi-même, je ne m’attendais pas à ça. Forcément, cela m’a plu, l’équipe m’a suivi, les sponsors ont également dit qu’ils continuaient, du coup cela s’est fait assez naturellement.
Depuis, vous jonglez entre championnat de France et championnat d’Europe de la spécialité…
Même si j’ai gagné au Mans, je n’ai pas du tout le niveau d’Anthony, donc il faut encore que j’apprenne en France avant de pouvoir aller un jour je l’espère, gagner des courses en Europe. L’an dernier, on avait un but qui était le top cinq du championnat de France, j’ai réussi à faire cinquième. Cette année, je voulais faire entre troisième et cinquième, or là pour l’instant je suis quatrième, tout près du troisième. Donc c’est pile dans l’objectif, la troisième place étant encore jouable. Mais il faut que je prenne au moins trois saisons d’expérience avant de pouvoir être performant en Europe.